Green Montana, la critique de l’album Nostalgia +

Redigé par le 5 mai 2022 à 02:43
Green Montana, la critique de l’album Nostalgia +

Green Montana, la critique de l’album Nostalgia +

Après un premier projet Alaska aux couleurs froides en Octobre 2020, l’artiste belge Green Montana a mis tout le monde d’accord avec la sortie de Melancholia 999,le 16 juin 2021. Un projet ambitieux et techniquement bien réalisé, qui donne naissance à une partie 2, Nostalgia +. Cette seconde partie sort ce vendredi 15 Avril et nous propose des productions musicales moins énergiques mais plus en accord avec un Green Montana qui a baissé le volume de sa voix pour des flows plus enivrants. 

I- 3ème projet, et déjà une “couleur” Green Montana ?

Lorsque l’on évoque Green Montana, après seulement 3 projets, et quelques 2 années de carrière, on parle évidemment d’une couleur musicale unique.Il est armé d’un flow déconcertant voire chuchoté par moment, de prods planantes drill ou bounce et des thèmes grands publics incarnés dans une forme que seul le natif de Verviers peut interpréter.On ressent dans sa musique une influence officielle ou officieuse d’Hamza, de Gunna dans la musicalité et la recherche d’une parfaite négligence dans la démarche de production musicales. Cette nonchalance donne presque lieu à des sons ASMR, comme sur le morceau Diamants où on entend des bijoux se frotter entre eux, sur une production planante, et un flow de rappeur enfumé. 

Cet univers musical coloré, va également chercher un écho dans le visuel de ses clips. Ils sont effectivement tous d’un univers colorimétrique différent : noir et blanc sur Waldorf Astoria, une prédominance pour les couleurs chaudes dans Neymar ft SDM, des couleurs très froides dans le clip Parfum, avec un jeu de caméra qui tourne autour d’un plateau et du progtagoniste en son centre. La façon dont il se positionne dans ses clips lui permet de représenter ses humeurs, ses différentes “personnalités”, un peu à l’instar de Josman dans Split, qui incarnait des personnalités différentes à l’intérieur d’un seul et même corps.

Fait intéressant, dans un rap de plus en plus individuel, Green Montana se pose en prescripteur d’un rap non-identifiable. Il ne se dit pas représenter un rap belge, francophone ou avoir quelconque influence, et sonne comme une nouvelle ère de “non-représentation de ses origines”, dans un Rap Game qui a souvent besoin de cerner le rappeur de par sa localisation, ses fréquentations, ses origines sociales ou géographiques. Il reste assez fermé sur l’idée de donner au monde, des informations personnelles de son passé.

II- Seul face au monde

En parlant de fréquentation, dans les lyrics de Greenzer, on peut sentir un homme meurtri et très isolé. Pourtant, il n’est pas boudé des médias, et semble avoir une équipe solide autour de lui. Mais bien que ce nouveau monde lui donne l’opportunité de rencontrer toujours plus de monde, important ou pas, Montana compte plutôt avancer en solo, faisant confiance à -très- peu de personnes. Sa famille et ses proches, qui peuvent le trahir à tout moment, mais aussi le “92i” label de Booba, qui accompagne Green dans ses choix musicaux, à qui il ne manque pas de dédicacer “marquer l’histoire comme Time Bomb”. Enfin, on sent un petit cercle de rappeurs à qui il fait confiance, notamment GuydeBezbar et SDM (2 feats sur 18 morceaux sur Melancholia +), pour qui il a de l’affection. 

Dans cette solitude et cette méfiance envers le monde, le rappeur de 28 ans a très rapidement ouvert son propre label, NMR pour Nouveau Monde Riche, et veut être indépendant financièrement pour construire sa propre carrière.Ce sentiment se ressent aussi sur le champ lexical du rappeur, depuis son tout premier projet Alaska. Il évoque dans ce nouveau projet la jalousie et la déception, “je laisse ces salopes entre elles”, “j’pense qu’à ce cash”, “je crois que t’es pas honnête”…Ces punchlines font écho à une direction bien établie, qui se concrétise par un dur labeur, qu’il ne doit qu’à lui-même. 

III- L’Argent, cause et conséquence de sa réussite

Enfin, pour terminer, après la solitude et un sentiment de mise à l’écart des codes traditionnels du rap, Green Montana dévoile dans sa musique et surtout dans son dernier Nostalgia +, l’importance de l’argent.Pour lui, s’en sortir passe par l’abondance de monnaie de toutes les couleurs. C’est la cause et la conséquence de tout ce qu’il fait, le problème et la solution. On le remarque dès la Tracklist qui représente à elle-même l’ensemble des thèmes importants de Green Montana. BUGATTI BOYS, CHAQUE JOUR DE LA SEMAINE, LA OU LE VENT NOUS MÈNE, le morceau d’introduction PAPIERS

Autant d’éléments probants qui prouvent la direction, la détermination et l’exigence que se porte lui-même Green Montana pour se sortir de sa condition. Le revers de la médaille de cette recherche de l’argent réside dans les comportements de son écosystème proche. Les attitudes néfastes, l’œil des proches, la jalousie, le vice des femmes pour lesquelles il doit souvent se détacher afin de ne pas sombrer. 

Cette ambiguïté de recherche du bonheur qui passe par l’arrivée de nouveaux problèmes, est une dualité à laquelle il semble confronté depuis son premier projet. C’est l’un des principaux problèmes dans la relation qu’il entretient avec la fume et les femmes : l’un aide à oublier l’autre et vice-versa. Ces relations dégradantes ne paraissent pourtant pas influer sur son envie de toucher du doigt son but : faire un maximum de cash.Pour cela, il se fixe des objectifs. Le joueur de foot qui représente au mieux cette réussite par l’argent pour lui, c’est Neymar JR, pour qui il dédie un son en featuring avec SDM. Il veut que l’on comprenne la galère par laquelle il est passé depuis ses débuts. En parallèle, l’argent et la réussite amène une perversion, un voile sur la vérité, exprimé dans le projet par le morceau BEZOS-PINAULTS-BOLLORÉ.

Pour terminer, on peut vraiment voir en Nostalgia +, une suite discontinue mais cohérente à Melancholia 999, projet qui a vraiment fait connaître et aimer Green Montana du grand public. Avec ce 3ème format, il se pose en artiste déterminé, qui se construit une identité forte en même temps qu’une fan-base solide. L’argent, la réussite, les relations ambiguës avec les femmes et les hommes, sont autant de thèmes qui construisent le personnage Green. Musicalement, il trouve avec Nostalgia + les productions musicales qui collent avec ses flows déconcertants, et se pose en tête d’affiche de la nouvelle génération francophone.

 

Rédigé par Tristan.T